Les médias ont d’abord évoqué la possible erreur d’un trader, qui aurait tapé "milliards" au lieu de "millions", détournant les regards vers la Citibank (2), toutefois le groupe a catégoriquement démenti,
"la banque s’est dite troublée que des rumeurs infondées aient pu se répandre aussi rapidement" (3). Une hypothèse qui a outré les professionnels, estimant qu’on les prenait pour des billes, à oser avancer une telle hypothèse, comme par exemple FranceBourse :
"un employé de Citigroup cherchant à vendre 6 millions se serait trompé et aurait vendu 6 milliards ! De qui se moque-t-on ? Un trader aurait déclenché un krach à lui tout seul, et aucun garde-fou ne l’aurait empêché de se tromper de 3 zéros ?" (4).
8 titres importants sont tombés à 0 ! Oui, zéro ! Le Nasdaq entend annuler les transactions correspondantes, rien que ça ! (5) La dégringolade s’expliquerait sur le différentiel entre la réactivité humaine et l’instantanéité informatique, selon Le Monde (3), alors que les cotations de certains titres ont été suspendues en moyenne d’une minute, les programmes auraient poursuivi, stupidement, ce pour quoi ils sont faits : stupides bécanes, Wall Street vient de découvrir, à l’instar de l’état-major perdant le contrôle de Skynet dans le Terminator, que l’informatique avait le pouvoir de mettre à poil le pilier financier mondial en quelques secondes, comme l’annonce béatement James Angel, professeur de finances :
"Nous avons un marché qui réagit en millisecondes, mais les humains qui le contrôlent mettent, eux, plusieurs minutes à réagir et, malheureusement, des milliards de dollars de dommages peuvent être causés pendant ce laps de temps"
Aucune transparence à attendre, naturellement, sur ces mystérieux algorithmes et leurs seuils, s’il y en a, et, si cette explication est juste, cet incident nous apprend que des tempêtes financières peuvent se lever au seul motif d’octets échappés à des opérateurs qui n’ont pas la même dextérité que les microprocesseurs :
"C’est terrifiant pour les épargnants de voir disparaître 10% de leur épargne en quelques minutes et jusqu’à 25% sur des blue chips (y compris des valeurs de "bon père de famille") que les gérants de portefeuille s’arrachaient encore 48 heures auparavant. Aucune classe d’actifs — sauf les Bons du Trésor US — n’a échappé au jeu de massacre. Le pétrole s’effondrait de 6% vers 75 $ alors que l’euro effectuait une incursion vers 1,255 $. Le WTI clôturait sous les 77 $, sur un écart voisin de -4%" (1)
Outre les données techniques, reste aussi leur contexte : une grande nervosité des marchés : le Nasdaq et le SP perdaient respectivement 10% et 9%, dans une conjoncture qui, selon Philippe Béchade, se trouve réduite à la peur de l’effet domino induit par la dette grecque qui pourrait atteindre les Etats-Unis (1). La situation resterait explosive, selon l’analyste Nicolas Chéron :
"Les investisseurs ont paniqué, les robots de trading se sont affolés et le système financier a été victime d’un krach boursier digne de celui d’octobre 1987. Les raisons sont multiples : des nations surendettées sont au bord du gouffre, les bancaires sont de nouveaux attaquées, les marchés obligataires sont devenus incontrôlables, la volatilité a explosé à la hausse… de quoi faire un cocktail détonnant" (6).
Selon Paul Jorion (7), le mystère de cette affaire ne se trouve pas dans la chute, explicable par la conjonction de l’actualité et des mécanismes robotisés lâchés en bourses, mais dans la remontée, due à des systèmes de correction "à la main", comparables aux manipulations comptables en vigueur dans les banques.
Nul doute que les enquêtes en cours sauront nous rassurer. Mais quelles qu’en soit les raisons, l’incident témoigne d’une profonde anomalie, au mieux isolée et traduite par une informatique incontrôlée, au pire conjuguée avec un vent de panique effectif que les autorités boursières ont voulu masquer ou relever artificiellement.
C’est curieusement Angela Merkel, qui avait tant traîné la savate pour intervenir sur le dossier grec, qui a fait la réflexion la plus brillante de la semaine, reconnaissant l’immensité de l’impuissance du politicien sur l’épanchement de cette crise, et l’asservissement du politicien aux banques :
« D’abord les banques ont failli, forçant les Etats à mener des actions de sauvetage. Elles ont plongé l’économie mondiale dans le précipice, et nous avons dû engager des plans de relance. A cause de ces plans de relance, nous nous sommes endettés, et maintenant, elles spéculent contre ces dettes, c’est vraiment très perfide ».
Le simple bon sens indiquait depuis déjà longtemps que les politiciens n’étaient que de vulgaires clébards accourant au moindre claquement de doigts des banquiers, apportant l’os arraché aux contribuables et retournant illico à la niche avec un coup de pied au derrière. Maintenant nous savons que les banquiers disposent d’armes de destructions massives qui peuvent déclencher une apocalypse financière en quelques minutes, et, au vu de l’annulation de
"toutes les transactions effectuées entre 14H40 et 15H00 (18H40 et 19H00 GMT) à des prix plus élevés, ou moins élevés de 60% du dernier cours enregistré" (8), il semble qu’ils n’en aient pas la maîtrise, à moins qu’il ne s’agisse que d’une opération de maquillage visant à restaurer un krach non désiré, survenu plus rapidement que les nécessaires rachats institutionnels.
LIENS :
(1)
http://www.la-chronique-agora.com/a...
(2)
http://www.e24.fr/finance/article20...
(3)
http://www.lemonde.fr/economie/arti...
(4)
http://www.francebourse.com/fiche_n...
(5)
http://www.daily-bourse.fr/wall-str...
(6)
http://www.daily-bourse.fr/analyse-...
(7)
http://www.dailymotion.com/video/xd...
(8)
http://www.lepoint.fr/bourse/2010-0...